La France est pleine d'effroi et tremble d'inquiétude
Comme les herbes tremblotantes d'un pré ensoleillé
S'agitent au vent du printemps malicieux .
La France a peur d'un virus insidieux.
C'est le Coronavirus : il envahit le monde
Dans un mouvement de vague qui germe et qui croît.
L'Individualisme, escortée de la Folie,
Gagne chaque jour en force et en vie.
Les rayons des magasins sont parfaitement vidés,
Les uns fuient les autres, qu'on croit pestiférés,
Dans la rue où même les mendiants niais
Craignent de toucher les pièces de monnaie.
Les âmes se détestent, les êtres s'enveniment
Et soutiennent la comparaison avec les bêtes
De la jungle où l'on écrase l'ennemi pour peu.
Chacun devient solitaire et peureux.
Et pourtant le Coronavirus n'a pas fait grand chose :
Autant de mal qu'un vulgaire accident de la route,
Autant de mal qu'une douce épidémie de grippe,
Autant de mal que peut faire une existence normale.
Le Coronavirus n' a pris que quelques souffles
Sur une foule de Français sains et frais,
Mais il a anéanti ce qui était déjà détruit :
L'altruisme et la bonté, la beauté du respect.
La Haine a immergé des villes tout entières.
Dans cet océan noir de bile et de colère,
L'on voit briller un feu, une faible lumière :
C'est la parole du Poète, qu'on croit délétère.